11 juin 2020
Par Manon Lévesque, Conseillère en développement professionnel, IJQ
Au début de la pandémie, le marché de l’emploi a été marqué d’une pause et a mis à l’arrêt beaucoup de processus d’embauche. En tant que chercheur d’emploi, vous avez été nombreux à avoir mis sur la glace toute activité de recherche d’emploi. Employeurs et chercheurs d’emploi ont ressenti de l’incertitude, de l’impuissance. Malgré tous les changements des derniers mois, je crois tout de même que le contexte est propice à faire avancer de façon fructueuse votre recherche d’emploi. Il est vrai que beaucoup d’entreprises ont gelé les embauches, mais plusieurs employés sont tout de même nombreux à être encore au travail, à distance bien sûr. C’est donc dire que ces employés demeurent joignables, et potentiellement même, plus disponibles qu’avant la pandémie. Maintenant que certains secteurs sont en reprise d’activités, il est également probable que plusieurs employeurs seront à la recherche de main d’œuvre.
Le réseautage, et plus spécifiquement, la rencontre d’information virtuelle, est à coup sûr une avenue à emprunter maintenant.
Mais j’entends déjà vos protestations! En tant que conseillère en développement professionnel, de toutes les actions que je peux suggérer à mes clients d’entreprendre, aucune n’est reçue avec autant de scepticisme ou de fermeture que le réseautage.
Cette inaction prodigieuse de mes clients m’a poussée à la recherche d’une solution. N’ayant aucun doute que le réseautage et la rencontre d’information puissent produire des résultats positifs et très concrets pour mes clients, je me dois de trouver les moyens de les convaincre et de les encourager à se mettre en action.
Mais comment y arriver?
C’est dans le livre « The 2-Hour Job Search » de Steve Dalton que j’ai trouvé la meilleure stratégie, et je vous la transmets ici.
L’objectif de la méthode proposée par l’auteur est de développer votre réseau de contact afin d’y inclure des personnes qui pourront ensuite soutenir, voire promouvoir, votre candidature à l’interne. On ne s’adressera pas aux personnes des départements de recrutement mais bien à celles qui travaillent dans le département où vous souhaitez vous-même travailler, à un poste similaire à celui que vous visez.
Tout ce que vous avez à faire, c’est de suivre ces 5 étapes :
1ère ETAPE : LISTE D’EMPLOYEURS POTENTIELS
Dressez une liste d’employeurs potentiels en fonction de votre objectif d’emploi. Surtout, ne vous arrêtez pas aux mêmes 5 ou 6 grosses entreprises où tout le monde veut aller travailler. Soyez créatif! Mettez sur votre liste des organisations plus petites et moins connues (entendez ici, moins sollicitées par les chercheurs d’emploi… donc là où vous rencontrerez moins de compétition). Tentez de vous rendre à 40 entreprises.
2e ÉTAPE : IDENTIFICATION DES PERSONNES À CONTACTER
Faites des recherches sur chacune des entreprises sur votre liste dans le but de trouver :
- En priorité : des personnes travaillant pour cette entreprise qui ont fait les mêmes études que vous
- Toute autre personne, mais si possible, trouver un lien qui vous unis à cette personne (par exemple : origine culturelle, expérience similaire, etc.)
3e ÉTAPE : RÉDACTION DU MESSAGE
Entrez en contact avec cette personne pour solliciter une rencontre d’information. Pour ce faire, il faudra écrire un courriel en respectant 5 éléments très précis. Contrairement à ce tout ce que vous avez toujours entendu, vous ne ferez aucune mention de comment votre embauche pourrait bénéficier à la compagnie et vous ne mentionnerez pas non plus quoi que ce soit qui touche à la valeur de vos expériences précédentes. C’est contre-intuitif, je sais, mais vous verrez rapidement en quoi cette méthode donne de meilleurs résultats.
Voici les éléments clés du courriel de sollicitation à envoyer :
MOINS DE 100 MOTS
En étant court, ce courriel peut être vu facilement et entièrement sur l’écran d’un téléphone sans avoir à faire défiler vers le bas. Le résultat est un courriel générique et court, ce qui est mieux qu’un courriel générique et long. L’objectif est clair : « j’ai une faveur à vous demander, pouvez-vous m’aider? »
D’autres avantages d’un message court :
- Moins de chance de faire des erreurs.
- Moins de chance de déplaire par le ton, le choix de mot ou le nombre de mots.
AUCUNE MENTION D’EMPLOI
Mentionner que vous êtes à la recherche d’un emploi dans le courriel est tout simplement inutile. Ils le savent déjà. Personne ne fait des rencontres d’information juste pour le plaisir!
Autre raison : c’est intimidant pour la personne qui reçoit la demande. Il faut comprendre que certaines personnes sont motivées par la simple idée d’aider les autres. Il y a un risque pour eux à endosser une candidature pour un poste. Si vous demandez à une personne de vous endosser pour un poste sans lui laisser la chance de vous connaître, cette personne peut se sentir intimidée, comme si en acceptant de vous accorder une rencontre d’information, elle est automatiquement engagée à vous aider à trouver un emploi, sans égard à comment elle se sent vis-à-vis votre candidature. Elle risque donc d’ignorer la requête.
MISER SUR LA CONNEXION D’ABORD
La raison pour laquelle on veut miser sur la connexion d’abord (même établissement d’enseignement, même programme, etc.), c’est parce qu’il faut rapidement donner à la personne une raison de porter attention à votre message. Identifier ce que vous avez en commun maximise les chances que votre requête soit lue.
Par exemple : « Mon nom est Manon Lévesque, je suis une étudiante au programme d’estimation en construction et rénovation et j’ai trouvé vos coordonnées sur LinkedIn. Puis-je avoir 20 minutes pour vous interroger sur votre expérience avec (nom de la compagnie)? »
S’il n’y a aucune connexion, demandez directement.
GÉNÉRALISER L’INTÉRÊT
La raison pour laquelle on privilégie une approche générale est pour éviter le scénario où la compagnie où la personne travaille n’embauche pas, scénario dans lequel on pourrait recevoir une réponse du type : « Il n’y a aucune embauche en ce moment ». En généralisant l’intérêt pour inclure une catégorie d’employeur ou un secteur par exemple, on accomplit deux objectifs :
- Notre intérêt envers la compagnie parait sincère
- Cela encourage les personnes qui sont dans des compagnies qui n’embauchent pas à répondre tout de même
Par exemple : « J’essaie d’en apprendre plus sur les carrières dans (type de compagnie/industrie/secteur) ici à Montréal et vos connaissances seraient bénéfiques. »
GARDER LE CONTRÔLE DU SUIVI
On veut garder le contrôle du suivi, car ainsi, on met de l’avant plusieurs traits désirables :
- On démontre de l’égard envers leur horaire : leur temps est plus précieux que le nôtre
- On démontre une détermination réelle à faire en sorte que la connexion se produise (résilience et organisation!)
- On donne une impression d’urgence, ce qui augmente le taux de réponse (le choix des mots est ici intentionnellement vague afin de nous laisser le choix de les contacter par courriel ou téléphone).
- Cela permet d’initier et de suivre systématiquement vos efforts sans avoir à prendre de décision qui pourrait causer de l’anxiété.
Par exemple : « Je reconnais que vous êtes sans doute très occupé, alors si nous ne pouvons communiquer par courriel, je tenterai de vous joindre la semaine prochaine pour voir ce qui est plus pratique. »
4e ÉTAPE : TROUVER L’ADRESSE COURRIEL
Évidemment, il faut avoir le courriel de la personne pour pouvoir lui envoyer ce message. Si celui-ci n’est pas disponible sur le site Internet de la compagnie, vous pouvez utiliser un site comme mailtester.com pour trouver, par essai-erreur, le courriel de la personne. Ayez en tête que près de 60% des adresses de courriel professionnel sont composées du prénom et du nom de la personne, avec ou sans point entre les deux. Un autre 12% est composé de la première lettre du prénom suivi du nom de famille. Ce qui vient après le @ est généralement facile à trouver sur le site Internet de la compagnie.
Si malgré ces efforts vous n’arrivez pas à trouver l’adresse voulue, vous pouvez opter pour envoyer un message directement dans LinkedIn. Cela impliquera toutefois de raccourcir le message afin qu’il entre dans les 300 caractères que permet LinkedIn lors d’une demande de nouvelle connexion.
5e ÉTAPE : ENVOI DU COURRIEL
Voilà, il ne vous reste plus qu’à envoyer VOS SOLLICITATIONS.
Vous avez bien noté le pluriel dans la phrase précédente? De façon générale, vous pouvez vous attendre à ce qu’une personne sur 10 vous réponde positivement. C’est la norme. Ne prenez donc pas personnel le fait que les 9 autres vous ignorent. Voyez plutôt le positif : une personne qui vous est totalement inconnue vous offre de son temps pour vous aider dans vos démarches!
Lorsque vous aurez envoyé une première série de sollicitation, il faudra penser à préparer vos questions. Car contrairement à une entrevue d’embauche, lors d’une rencontre d’information, c’est vous qui dirigez. Soyez tout de même prêts à répondre à des questions car à tout moment, la personne pourrait vouloir en savoir plus sur les raisons de cette démarche. Et ce serait là une bonne nouvelle!
Surtout, ne perdez pas de vue votre objectif qui est, je vous le rappelle, d’élargir votre réseau de contact. Il ne s’agit donc pas de solliciter un emploi directement car la règle qui s’applique pour la rédaction de message de sollicitation s’applique aussi pour la rencontre d’information (sauf bien sûr si votre interlocuteur aborde cette question lui-même). Visez donc plutôt de faire de cette personne une alliée. Vous voulez qu’elle ressorte de cette rencontre avec une opinion favorable de vous. La suite suivra son cours. Ayez confiance.
Quels sont les effets secondaires d’une bonne rencontre d’information?
Au-delà du fait que la rencontre d’information soit un outil efficace pour développer votre réseau professionnel, et spécialement dans ce cas-ci un réseau pertinent en fonction de votre objectif d’emploi, elle est aussi très utile pour augmenter votre niveau de connaissance d’un secteur et de la réalité actuelle et des besoins d’une compagnie. Or, ces connaissances que vous acquerrez vous seront hautement utiles lors d’une entrevue d’embauche car vos réponses seront d’autant plus ancrées dans la réalité.
Mais plus que cela, je vous confirme que mes clients qui ont appliqué cette méthode sont aussi ressortis de ces rencontres avec une confiance en eux-mêmes renouvelée et, par ricochet, avec une motivation revivifiée. Alors que nous sommes tous affectés par les mesures de confinement en vigueur, je vous encourage à multiplier les invitations et à persévérer dans vos démarches. Et je demande aux employés en télétravail ou de retour au travail à répondre positivement à cet appel.